Je suis dans la forêt



Je suis dans la forêt est une œuvre commandée par Lorette Pouillon, diffusée dans le cadre de son exposition Du vent SVP (l’Attrape-couleurs, Lyon, 15/04 - 27/05/2023). Il s’agit d’un texte dont la lecture est enregistrée sur une cassette sans fin, diffusée par un magnétophone.

Ce texte est écrit en écho à Jean-Marie Massou (1950-2020), artiste brut ayant vécu et œuvré à Marmigniac (Lot), auquel je rends hommage. J’ai découvert sa façon de vivre et de créer grâce au documentaire Le Plein pays d’Antoine Boutet (2009). J’aiété séduit par ses enregistrements sonores qu’il réalisait sur d’innombrables cassettes.

Cette pièce s’inspire de Massou dans son sujet, dans son écriture et dans sa forme. Le texte raconte, à la première personne, la vie d’un homme seul dans la forêt. Il dit son errance, son cheminement et ses questionnements. Le procédé d’écriture explore la forme de la boucle, en écho à l’élocution si particulière de Massou. Ainsi, le dernier mot de chaque vers est débute le suivant. De la même façon, le premier et le dernier mot du poème sont identiques, ce qui fait que le texte peut s’écouter en boucle. Pour cette raison il a été enregistré sur une cassette sans fin. Ce médium, outre l’hommage qu’il rend à Massou, a aussi été choisi pour sa texture sonore si particulière. Cela permet d’ancrer cette lecture à la fois dans le récit de soi, mais également de mettre le spectateur à distance.
Cassette sur laquelle est enregistrée le texte
(pièce unique)


Extrait

moi qui me suis arrêté ici

ici c’est la forêt

forêt dense

dense et sombre

sombre et épaisse

épaisse et sauvage

sauvage et étendue

étendue tout autour

autour j’ai déposé ce que je porte

porte sur mon dos, dans ma tête tout le temps

temps passé a prendre mes marques

marques pour dire où est ma maison

maison dans ce prés

prés plat paisible

paisible où il y a tout

tout est calme quand je rentre

rentre à l’intérieur

intérieur de mon petit abri

abri tu gardes ce dont j’ai besoin

besoin d’avoir un endroit où je peux me réfugier pendant la nuit, l’orage, l’inondation, la tempête de neige, de grêle, de sable, de vent, la canicule, le blizzard, la sécheresse, le cyclone, le brouillard, le tonnerre, le séisme et les répliques, l’avalanche, l’éboulement, l’érosion, l’incendie, l’éruption, le tsunami, ou simplement quand je veux être seul

seul est-ce que je le suis vraiment puisque j’ai auprès de moi arbres, plantes, fleures, herbes, graines, buissons, mousses, champignons, feuilles, mais aussi rochers, cailloux, pierres, sables, vases, je ne sais pas, non, je ne crois pas

pas certain que je reste longtemps



Vue d’exposition
et extrait du texte